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I- Les implications des nouvelles technologies
Jusqu'au début de ce siècle, la technologie était un outil de production
industrielle très spécialisé puis elle a permis la fabrication de biens
de consommation courante. Elle est ainsi entrée dans le champ de la vie
quotidienne.
Aujourd'hui, les nouvelles technologies deviennent de plus en plus puissantes,
accessibles, déterminantes pour l'économie et donc diffusantes, c'est-à-dire
prises dans une véritable dynamique de mondialisation. Pour s'en persuader,
il n'y a qu'à constater les chiffres de la production d'automobiles, d'appareils
électroménagers, d'ordinateurs portables, de téléphones cellulaires ainsi
que la multiplication des moyens et des tests de diagnostic dont la plupart
peuvent désormais être réalisés avant la naissance.
Sans être nécessairement mauvaises par elles-mêmes, puisqu'elles sont
le fruit de la connaissance, de l'invention et du savoir-faire, les technologies
présentent des risques de dévoiement dans leur utilisation, comme c'est
d'ailleurs malheureusement le cas pour nombre d'activités humaines.
Les nouveaux savoirs permettent ainsi d'accéder à de nouveaux pouvoirs
et comportent de nouvelles menaces. Nous nous trouvons confrontés à une
véritable "sauvagisation" des technologies, d'autant plus préoccupante
qu'elle se situe dans un contexte dit a-historique, sans passé construit
ni perspective bien définie.
La technologie qui tendait uniquement à répondre aux préoccupations de
subsistance des hommes exerce maintenant une réelle pression sur les marchés
mondiaux. En inversant la priorité entre les fins et les moyens, elle
donne corps à de nouvelles menaces :
Atteinte
de l'environnement du fait du risque écologique;
Atteinte
à l'autonomie des individus liée au risque informatique;
Atteinte
à l'identité des personnes en raison du risque génétique.
Ces trois menaces sont apparement différentes mais elles sont reliées
entre elles par leurs conséquences néfastes pour l'individu et la société.
Elles posent le problème éthique du respect qui est dû à la dignité, à
l'autonomie et par conséquence à l'identité de la personne.
Il importe cependant de distinguer les risques directs qui font l'objet
de réflexions ayant abouti ou devant aboutir à un certain nombre de mesures
régulatrices, notamment législatives, et les risques indirects, diffus,
font peser une menace mal identifiée. Encore insuffisament prise en compte,
une telle menace nécessite une réflexion prospective.
A titre d'exemple, les risques directs sont représentés par la pollution
de l'air ou des sols, la discrimination par les tests génétiques mais
également, et plus récemment, par le démarchage sauvage par l'utilisation
de fichiers informatiques, dont l'interconnexion peut porter atteinte
aux libertés individuelles.
En revanche, les risques indirects sont beaucoup plus difficilement identifiables.
Leurs conséquences sont remarquables par leur caractère insidieux voire
inapparent ou immatériel.
Les conséquences de l'effet de serre et du réchauffement de l'atmosphère
ne sont pas immédiatement perceptibles. Les conséquences de l'utilisation
excessive des jeux vidéo sont encore mal identifiées. La virtualisation
de l'image, indispensable bien sur à l'industrie ou à la médecine, permet
une manipulation de la réalité dont les conséquences sur le comportement
humain sont encore inconnues. Les risques d'aliénation mentale,notamment,
ne sont pas exclus.
La médecine de convenance personnelle aboutit à la multiplication des
gestes médicaux non justifiés par la maladie. Elle peut même conduire
à la revendication du choix du sexe de l'enfant à naître, bientôt à celle
de la couleur de ses yeux, et même eventuellement un jour de son caractère
!
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