III- Nécessité d'un véritable débat démocratique


Devant la complèxité des instruments, des échanges et des circuits, la prise de décision apparaît trop souvent incontestable. Elle revêt d'autant plus l'apparence d'une fausse certitude qu'elle est souvent démentie par les faits.

L'insuffisance du dialogue démocratique est sans doute la conséquence d'une négligence de prise en compte de la perception des nouvelles technologies par le citoyen. L'opinion publique, qui est liée à des individus moteurs, à des groupes sociaux, à un effet de masse, est plus ou moins bien identifiée par les sondages. Façonnée par les médias et soumise à la pression économique, elle est en manque d'identité et de perspective.

La complèxité des instruments et des enjeux n'estompe pas, bien au contraire, le sentiment d'une menace diffuse liée à l'utilisation des nouvelles technologies. Certains se comportent alors passivement, en véritables assujettis au risque. Ces otages d'une politique définie a priori, qu'elle soit monopolistique ou libre-échangiste, sont le support d'un conflit larvé, dont on apprécie mal les conséquences. D'autres, plus contestataires, expriment un refus catégorique qui se traduit sur un mode revendicatif donnant lieu à des conflits ouverts.

De tels conflits ne peuvent être qu'aggravés par les crises médiatiques comme celles qui ont alimenté l'accident nucléaire de Tchernobyl ou, plus récemment, la maladie des vaches folles, les activités licencieuses sur Internet,...

Il existe aujourd'hui une crise de confiance car l'information a tendance à être monopolisée par les experts, la décision confisquée par les politiques et le savoir rendu difficilement accessible par les scientifiques. Cette crise de confiance peut aussi bien paralyser certains esprits que rejeter d'autres dans un consumérisme compensatoire aux effets pervers.

L'explication est souvent trop abstraite pour la population. L'opinion publique se perd entre expertise et contre-expertise, arguties juridiques, négociations internationales. Le sens commun ne se retrouve pas dans l'analyse des scientifiques, des ingénieurs ou des experts. "Le malade est mort guéri" assure le médecin. "L'hôpital est excellent, le malade a été bien soigné" affirme l'élu pour tenter de réconforter une famille qui cherche à comprendre sans y parvenir. La raison du citoyen n'a plus rien de commun avec la logique implacable de l'expert ou avec le choix du décideur politique.

Chacun sait bien que le risque nul n'existe pas, que toute activité humaine comporte des aléas, ne serait-ce que traverser une rue ou sortir de sa douche. Pourtant, la confiance, aujourd'hui ébranlée conduit à un refus de prise de risque et à l'exigence d'un risque nul. Cette situation conduit à une opposition entre les élites et la masse, confrontés à la nécessité d'une utilisation pressante des nouvelles technologies.

Afin d'éviter que la fracture sociale ne soit aggravée d'une fracture du savoir, il importe de restaurer la confiance grâce à la mise en place d'un système de veille et de protection, compréhensible, facilement accessible, destiné à conforter l'individu ou le groupe social. Ceci implique de réfléchir à une forme de partici
pation lui permettant de mieux comprendre de quoi il s'agit et à quoi il est exposé.

 
 
Retour